Handicap et culture : une expérience de médiation inclusive
Accompagner les résidents dans la découverte et l’appropriation des œuvres de Banksy, c’est aussi interroger les messages portés par l’artiste : dénonciation des inégalités, critique du consumérisme, humour noir, provocations politiques… autant de thématiques qui résonnent avec les réalités sociales vécues par les personnes en situation de handicap.
Cette exposition devient ainsi un outil pédagogique et thérapeutique, mobilisé par les éducateurs spécialisés, psychologues, animateurs et soignants de l’EAM. À travers des ateliers, débats, visites guidées ou créations inspirées de l’univers de Banksy, les résidents développent leurs capacités d’expression, renforcent leur estime d’eux-mêmes et trouvent leur place dans un projet collectif valorisant.
Cette approche fait écho à d'autres actions mises en place par l’Adages, comme le projet de réalisations archéologiques inclusives de l’EAM Archipel de Massane, comme celles menées à Bourneville autour de l’autodétermination, ou encore à l’EAM Les IV Seigneurs, où une résidente a récemment participé à un défilé de mode inclusif.
Créer, c’est aussi soigner : les bienfaits thérapeutiques de l’art
Si l’on connaît les bienfaits de l’art sur l’âme, on sous-estime parfois son impact sur le corps et l’esprit. À l’EAM Les Fontaines d’Ô, l’activité artistique est bien plus qu’un loisir : elle devient un véritable outil de soin, complémentaire aux approches médicales et éducatives.
En favorisant la concentration, la motricité fine, l’expression des émotions et la confiance en soi, la pratique artistique stimule des compétences parfois mises en sommeil chez les personnes en situation de handicap. Les ateliers créatifs, inspirés par les œuvres de Banksy, ont ainsi permis à plusieurs résidents de se révéler sous un jour nouveau : un regard qui pétille, une parole qui se libère, un geste qui s’affirme. L’art, en somme, comme tremplin vers l’autonomie et la reconnexion à soi.
Cette approche fait écho aux travaux menés dans d’autres établissements de l’Adages, notamment dans le champ de la médiation par le théâtre, la musique ou le design graphique. Le fil rouge ? Une conviction forte : chaque individu, quel que soit son parcours de vie, a un potentiel créatif à explorer et à partager.
Professionnels engagés, résidents inspirés
Si les résidents sont au cœur du projet, rien n’aurait été possible sans l’engagement de toute une équipe : éducateurs spécialisés, aides-soignants, animateurs, coordinateurs de vie sociale… Tous ont joué le jeu de la co-construction, en impliquant les résidents dans chaque étape de la participation à l’exposition.
Certains se sont formés à la médiation culturelle, d’autres ont initié des partenariats avec les structures culturelles du territoire. Tous ont vu leurs métiers évoluer, s’enrichir, se renouveler au contact d’un projet artistique exigeant mais profondément humain. « C’est une expérience qui nous a soudés, confie une professionnelle. On a vu nos résidents s’épanouir, prendre la parole, se sentir utiles. Et ça, ça n’a pas de prix. »
Le lien tissé avec l’équipe du musée Parcelle 473 a également permis de construire un pont durable entre le secteur médico-social et le monde de l’art et de la culture. Une passerelle que l’Adages entend bien entretenir au-delà de l’exposition.
Un projet à essaimer
Face à cette réussite, une question se pose : pourquoi ne pas reproduire cette expérience dans d’autres EAM ou structures sociales de Montpellier et de l’Hérault ? L’exposition Banksy a montré qu’avec un peu d’audace, de confiance et de coopération, les personnes en situation de handicap peuvent s’impliquer pleinement dans la vie culturelle locale, et même en devenir les fers de lance.
L’Adages réfléchit donc à de futures collaborations avec des artistes, collectifs ou lieux culturels engagés, dans la lignée de l’appel aux entreprises à soutenir l’inclusion via la taxe d’apprentissage. L’objectif ? Faire de chaque projet une nouvelle opportunité de briser les représentations, de renforcer les liens sociaux, et de promouvoir l’inclusion à travers l’art.
Et si le plus grand hommage qu’on pouvait rendre à Banksy, c’était finalement ça : continuer à faire de l’art un outil de transformation sociale, loin des enchères et près des cœurs.
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