Dépistage des cancers : quand l’accessibilité et l’autodétermination ouvrent la voie à une véritable inclusion en santé

Des résultats qui bousculent les idées reçues

Les données issues de cette intervention sont sans appel : la progression des connaissances est immédiate, durable et statistiquement significative.

Après l’intervention :

• les scores moyens de connaissances passent d’environ 5/10 à 7,3/10,
• trois mois plus tard, ils restent élevés (autour de 6,6/10), après un simple rappel par vidéo,
• un an après, le score demeure stable.

Ce maintien dans le temps démontre deux points essentiels :

1. Les personnes ayant une déficience intellectuelle intègrent réellement les apprentissages, y compris lorsqu’ils concernent des sujets de santé complexes.
2. Elles sont tout à fait capables de devenir actrices de leur santé lorsque les informations sont accessibles et que l’environnement leur fait confiance.

Pour les équipes de terrain, ces résultats confirment une réalité bien connue : les personnes ne manquent pas de capacités ; elles manquent d’occasions d’apprendre.

L’engagement de l’Adages pour l’accès à la santé

L’Adages mène depuis plusieurs années un partenariat structurant avec Oncodéfi, notamment à travers les actions déployées dans les ESAT de Saporta et de Peyreficade. Ces initiatives ont fait l’objet d’un article complet à retrouver sur notre site :

Oncodéfi, ESAT et dépistage des cancers : une alliance pour l’inclusion en santé

Menées au plus près du quotidien des travailleurs en situation de handicap, ces actions ont démontré :

• la capacité des personnes à s’approprier les gestes du dépistage,
• l’importance d’un environnement bienveillant et sécurisé,
• la nécessité d’une médiation adaptée par des professionnels formés,
• le rôle clé des ateliers pratiques pour favoriser l’apprentissage.

En ESAT comme dans les autres établissements du médico-social, cette dynamique s’inscrit dans la feuille de route de l’Adages : renforcer le pouvoir d’agir, réduire les inégalités et rendre la santé réellement accessible.

Le livret FALC : un outil clé pour comprendre et choisir

Oncodéfi a développé une série de livrets faciles à lire et à comprendre (FALC), destinés à expliquer simplement :

• le dépistage du cancer du sein,
• le dépistage du cancer colorectal,
• le dépistage du cancer du col de l’utérus.

Ces livrets — gratuits, illustrés et adaptés — sont disponibles ici : les livrets de dépistage d’Oncodéfi .

Ils constituent pour les professionnels un outil indispensable de médiation, mais surtout un support d’autonomie pour les personnes. À l’Adages, ces livrets sont désormais mobilisés dans différents établissements, et intégrés dans des temps d’échanges individuels ou collectifs.

Une démarche qui interroge nos pratiques professionnelles

Les interventions menées avec Oncodéfi, tout comme les expériences de terrain au sein de l’Adages, invitent les équipes médico-sociales à revisiter leurs représentations de l’accompagnement en santé.

1. Ne plus présumer de l’incapacité

Les résultats démontrent que la compréhension progresse lorsque l’on rend la pédagogie accessible. Les limites perçues ne sont souvent que le reflet de nos propres pratiques ou de nos habitudes de communication.

2. Considérer la santé comme un espace de pouvoir d’agir

Le dépistage n’est pas un simple acte technique : c’est une manière de prendre soin de soi, de décider, d’anticiper. Cela rejoint les valeurs fortes d’autodétermination défendues par l’Adages.

3. Créer des environnements d’apprentissage sécurisants

Les ateliers participatifs, les outils FALC, les supports sensoriels et visuels créent un climat favorable à l’apprentissage et au dialogue. Ils permettent de parler de santé sans crainte, sans honte, avec le temps nécessaire.

4. Renforcer les compétences des professionnels

L’accessibilité en santé requiert des compétences spécifiques : langage adapté, médiation visuelle, posture facilitatrice, respect du rythme de chacun. Former et accompagner les professionnels dans ces pratiques est un levier essentiel pour réduire les inégalités.

Réduire les inégalités de santé : un horizon commun

Les actions d’Oncodéfi et l’engagement des établissements de l’Adages rappellent une conviction profonde : l’inclusion en santé n’adviendra que lorsque chacun pourra comprendre, décider et agir pour lui-même.

Loin de se limiter au dépistage des cancers, ces démarches ouvrent des perspectives nouvelles pour :

• la prévention en santé globale,
• l’éducation thérapeutique,
• l’accompagnement à la santé sexuelle et reproductive,
• la compréhension des traitements et de leurs effets,
• la gestion des rendez-vous médicaux et des examens.

C’est l’ensemble du parcours de santé qui peut devenir plus lisible, plus accessible, plus équitable.

Et maintenant ? Vers un déploiement territorial élargi

Au regard des résultats mesurés, Oncodéfi et ses partenaires travaillent déjà à élargir le dispositif :

• coopération renforcée avec les registres de tumeurs,
• suivi longitudinal des personnes sensibilisées,
• diffusion des outils auprès d’autres structures du médico-social,
• consolidation des supports vidéo et des ateliers participatifs.

L’Adages poursuivra l’intégration de ces pratiques dans ses établissements, convaincu que la santé est un champ essentiel de citoyenneté.

Apprendre, comprendre, décider — un droit fondamental

L’intervention menée avec Oncodéfi le confirme scientifiquement, et les équipes de l’Adages le constatent chaque jour : les personnes vivant avec une déficience intellectuelle ont les capacités et le désir de prendre soin de leur santé.

Encore faut-il leur en donner les moyens, par :

• des supports accessibles,
• une pédagogie participative,
• un environnement qui valorise leurs compétences,
• et des professionnels engagés dans une démarche respectueuse et inclusive.

Le dépistage des cancers devient alors bien plus qu’un acte de prévention : un geste d’autonomie, un geste de dignité, un geste d’inclusion.