Handicap et jeunesse : la mobilité sociale sous contrainte

Le handicap reste l’un des principaux freins à la mobilité sociale des jeunes en France. Diplôme, emploi, statut social : les inégalités persistent, quelle que soit l’origine sociale. Un constat sans appel, signé France Stratégie.

Jeune en situation de handicap

Malgré les politiques d’inclusion et la loi de 2005, la dernière note d’analyse de France Stratégie (mai 2025) révèle que les jeunes en situation de handicap accèdent toujours moins aux diplômes, à l’emploi, et aux postes qualifiés. Et ce, même lorsqu’ils viennent de milieux favorisés.

Un constat sans appel : le handicap freine, partout et pour tous

Que l’on soit né dans une famille ouvrière ou cadre, être jeune et en situation de handicap réduit drastiquement les chances d’ascension sociale. Selon France Stratégie, les jeunes valides ont 1,7 fois plus de chances que leurs homologues en situation de handicap d’accéder à une position sociale élevée (cadres ou professions intermédiaires), toutes origines sociales confondues.

Pire encore : parmi les jeunes favorisés, le risque de ne jamais avoir travaillé est 4,9 fois plus élevé en cas de handicap. Un jeune défavorisé sans handicap a donc plus de chances d’être en emploi qu’un jeune favorisé handicapé. Une illustration cinglante d’une mobilité sociale entravée.

Diplômes : les clés verrouillées de la réussite

Le rapport montre que les jeunes en situation de handicap sont 2,6 fois plus nombreux à sortir du système éducatif sans diplôme. Ce chiffre grimpe à 3,7 pour les jeunes issus de milieux favorisés. En d’autres termes, l’origine sociale élevée ne protège plus lorsqu’un handicap s’ajoute à l’équation.

Et pour ceux qui parviennent malgré tout à décrocher un diplôme du supérieur, l’accès à des postes qualifiés reste plus difficile. Seuls 56 % des jeunes en situation de handicap diplômés du supérieur occupent un poste de cadre, contre 73 % des jeunes valides. La « valeur travail » ne paie donc pas toujours de la même manière.

Une scolarisation qui reste socialement marquée

Les élèves en situation de handicap sont surreprésentés dans les milieux sociaux modestes : 51 % viennent de familles défavorisées contre 38 % pour la moyenne nationale. Les handicaps les plus pénalisants scolairement, comme les troubles cognitifs ou du psychisme, sont également plus fréquents dans ces milieux.

Et à trouble équivalent, les inégalités scolaires persistent. Par exemple, à 10 ans, seuls 5 % des enfants de milieu défavorisé ayant un trouble cognitif sont en CM2 contre 20 % pour ceux issus de familles très favorisées.

Une inclusion scolaire encore inégalitaire

Bien que la loi du 11 février 2005 ait multiplié par trois la scolarisation des enfants en situation de handicap en milieu ordinaire, les parcours restent très différenciés selon l’origine sociale. À 14 ans, seuls 20 % des jeunes de milieu défavorisé sont encore scolarisés en classe ordinaire contre 60 % de ceux issus de milieux très favorisés.

Le risque d’un “exil scolaire” vers des établissements spécialisés est donc plus élevé pour les jeunes des classes populaires, contribuant à refermer prématurément les perspectives de poursuite d’études.

Dans l’enseignement supérieur : moins loin, moins haut

Les étudiants handicapés sont 1,7 fois plus nombreux à sortir de l’enseignement supérieur sans diplôme. Seuls 22 % atteignent un niveau au-delà de la licence, contre 42 % chez les autres étudiants. Par ailleurs, leurs choix de filières sont souvent contraints : 37 % s’orientent vers les lettres et sciences humaines, moins porteuses sur le marché du travail.

Plus préoccupant encore : un tiers de ces jeunes renoncent à une orientation par manque de confiance, et 36 % ont dû se réorienter pour des raisons d’accessibilité. La sélection ne se fait donc pas seulement par les notes, mais aussi par les barrières invisibles.

Une mobilité professionnelle à peine amorcée

Selon les travaux de l’IGAS, la mobilité professionnelle est un angle mort des politiques d’emploi pour les personnes handicapées. Le “plafond de verre” est bien réel. La promotion reste rare, et le salarié handicapé est souvent perçu comme ayant “déjà de la chance de travailler”.

À cela s’ajoutent les biais d’évaluation (productivité, rapidité…), les freins matériels et l’auto-censure : beaucoup redoutent de ne pas pouvoir assumer un poste supérieur, ou se limitent par anticipation à des conditions de travail accessibles.

Pour aller plus loin : repenser les leviers d’égalité

Les données mobilisées par France Stratégie sont éclairantes, mais soulignent aussi la nécessité de mieux mesurer, par des indicateurs homogènes (comme le GALI), l’impact réel des politiques d’inclusion.

Des avancées comme la systématisation des référents handicap dans les CFA ou la revalorisation des rémunérations en alternance vont dans le bon sens. Mais il faudra en évaluer rigoureusement les effets.

Pour plus d’informations : consultez la note complète de France Stratégie (mai 2025).

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Quand l’ambition se heurte au handicap, même les héritages sociaux ne suffisent plus à ouvrir les portes de l’ascenseur social.

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