Musicothérapie 

musicothérapie

La musique est présente dans chaque peuple, de chaque époque, dans chaque mythe, chaque religion. A la Préhistoire, les Hommes jouaient déjà de la musique. Aujourd’hui elle est présente partout autour de nous. Elle est utilisée pour nous faire danser, nous faire chanter, parfois patienter. Mais pas seulement.

À l’Antiquité la musique était déjà utilisée comme thérapie, selon la théorie de l’Ethos d’Aristote, les grands orateurs grecs l’utilisaient pour influencer l’humeur. Pythagore déclarait, lui, que les maladies mentales étaient causées par un « désordre musical dans l’âme » et que seule la musique pouvait guérir ces maux. C’est durant la 1ère Guerre Mondiale que la thérapie par la musique s’est fortement développée avec l’objectif de soulager les traumatismes des soldats. Des musiciens étaient accueillis dans les hôpitaux pour jouer de la musique, et essayer d’apaiser les patients. Sur les champs de bataille, certains combattants jouaient d’un instrument de musique pour oublier leur peur ou leur douleur. C’est durant la 2nde Guerre Mondiale, alors qu’il est fait prisonnier, qu’Olivier Messiaen, grand compositeur français, composera Quatuor pour la fin du Temps et qu’il le jouera pour la première fois accompagné d’autres prisonniers.

En 1954, Jacques Jost, un ingénieur du son français, évoque l’idée de soigner par la musique. Il rencontre Rolando Omar Benenzon, un argentin à la fois psychiatre et psychanalyste, musicien et compositeur. Ensemble ils organisent en France le premier congrès mondial de musicothérapie en 1974 au CHU la Pitié-Salpêtrière à Paris. Est ensuite fondé le Centre International de Musicothérapie en 1981.

Qu’est ce que c’est ?

La musicothérapie utilise la musique pour soulager certains symptômes grâce au son, à la musique et au rythme. Elle est utilisée dans les hôpitaux auprès des malades qui suivent de lourds traitements afin d’atténuer leur anxiété.

Elle intervient aussi dans les maternités dans le but de faire baisser e niveau de stress des bébés prématurés. On la retrouve dans les maisons de retraite, pour stimuler la mémoire, les capacités fonctionnelles, et réduire l’anxiété des personnes âgées. Auprès des personnes en situation de polyhandicap, la musicothérapie est utilisée dans la relation entre le patient et le thérapeute, afin de soutenir l’expression et la communication. À l’aide du média sonore musical, elle favorise l’extériorisation des émotions ressenties et améliore parfois l’habilité motrice et la coordination. Elle permet aussi de stimuler l’attention.

Les séances ne ressemblent pas à des cours de musique, le musicothérapeute est un vrai thérapeute qui utilise la musique comme outil. Il apprend d’abord à connaître son patient avec ses besoins grâce à un bilan psychomusical composé d’un entretien, d’un test réceptif à l’aide d’extraits musicaux et d’un test actif avec l’utilisation d’instruments de musique. Accompagné par l’équipe qui suit le patient, il va définir des objectifs précis qui répondront à son projet thérapeutique. Il n’est pas nécessaire pour lui de savoir jouer d’un instrument, ça n’est pas le but. L’objectif peut être de l’aider à se reconnecter avec son corps ou à développer ses capacités motrices. Elle peut améliorer son bien-être, réduire son anxiété, diminuer sa douleur et favoriser la communication.

La musicothérapie fonctionne selon deux formats, qui vont dépendre des besoins et des capacités du patient.

Elle est dite réceptive lorsque le musicothérapeute joue d’un instrument, chante ou passe un morceau. Le patient est dans l’écoute.

Pour la musicothérapie active, c’est le patient qui va utiliser l’instrument pour exprimer ses émotions et communiquer. Il peut également utiliser sa voix, ou son corps comme moyen d’expression.

Comment se passe la 1ère rencontre avec le jeune ?

Avant la rencontre, je vais d’abord chercher des informations auprès de la famille à l’aide d’un questionnaire sur son rapport à la musique dans son milieu familial. Je me renseigne aussi auprès de son groupe d’accueil ou de son ancienne institution. Je me renseigne évidemment sur sa pathologie et sur sa façon de s’exprimer. Je m’assure qu’il n’y ait pas de contre-indication. Ensuite, pendant la première séance, je fais un bilan psychomusical adapté au jeune en situation de polyhandicap. J’observe son comportement par rapport au média musical.

Je regarde s’il montre un intérêt particulier à la musique et à l’interaction par ce média, pour savoir si les séances de musicothérapie peuvent lui être utiles ou non.

Comment choisis-tu si les séances se font en groupe ou de façon individuelle ?

Le choix des séances individuelles ou en groupe va se faire à l’issu du bilan psychomusical. Nous allons voir si le jeune est plutôt introverti. S’il n’est pas vraiment dans l’échange avec le musicothérapeute, nous indiquons plutôt l’individuel. Nous préconisons des séances en groupe pour les jeunes qui sont plutôt dans l’échange et dans la relation. Nous voyons qu’il y a un intérêt pour eux d’aller chercher des objectifs spécifiques dans l’interaction avec leurs pairs.

Combien de temps dure une séance ?

Le temps de la séance va dépendre des profils. Une séance individuelle peut durer 15 à 30 minutes. En groupe, c’est plutôt entre 30 et 45 minutes suivant l’état de vigilance des jeunes.

Comment se déroule une séance ?

Je mets en place un cadre contenant, sécurisant, avec beaucoup de rituels. Et, je verbalise énormément. Au début de chaque séance, je prends toujours un temps pour l’accueil, pour dire bonjour en musique en chantant le prénom de chacun pour leur souhaiter la bienvenue à leur séance de musicothérapie. C’est plus signifiant pour eux, ça les recentre dans le moment présent. Ensuite, la séance se déroule en fonction des objectifs fixés. Je prends le temps d’expliquer à chaque fois ce que nous allons faire dans la séance, en présentant les instruments, etc. A la fin de séance, je verbalise toutes les réactions, les comportements que j’ai pu voir chez les jeunes, pour valoriser leur présence.

Pour finir, je mets parfois une musique, et j’utilise toujours un temps pour se dire au revoir, pour signifier la fin de la rencontre. En rappelant quand aura lieu la prochaine séance.